« Nous ne demandons que la justice soit dite.Et nous ne demandons rien d’autre à personne, ni à la justice ! »Ces phrases, la présidente de l’AFCF, Aminetou Mint El Moctar, les a maintes fois prononcées lors d’une sortie médiatique face à la presse nationale et internationale.
Elle a mis à profit une conférence de presse tenue hier au siège de son ONG pour déplorer l’inefficacité de l’appareil judiciaire mauritanien tout en relevant sept incohérences dans le dossier de Mountaha et de Mady : elle a été battue dans son bureau, son chien a été abattu sans son consentement, le procureur de la République l’a envoyée auprès du juge d’instruction…
Rappel de son agression
Mountaha Mint Cheikh est Conseillère en communication au CDH/AH/RSC (Commissariat aux Droits de l’homme, à l’Action humanitaire et aux Relations avec la Société civile). Selon les dires de la présidente de l’AFCF, Aminetou Mint El Moctar, cette jeune femme a été sauvagement agressée le mercredi 23 mai 2012 aux environs de 13, dans son lieu de travail par un certain Mady Ould Hamady au vu et au su de tous ses collègues de travail.
« Je vous informe qu’elle (Mountaha) est militante de droits humains et membre de l’AFCF depuis deux ans. Elle m’a laissé entendre que ’’son agresseur Mady lui a appelé après avoir tué son chien qu’il voudrait venir lui présenter ses excuses pour avoir tué son chien non ragé sans consentement’’. Arrivé ainsi au bureau, il l’a verbalement attaquée et traitée de tous les noms d’oiseaux. Pour cause, la femme le lui a dit de quitter immédiatement son bureau. Chose qui n’a pas visiblement plu à Mady Ould Hamady. Il a alors commencé à insulter la jeune femme. Pis, il a fermé la porte pour la battre tout en déchirant son voile. Et pourtant la sécurité l’article 23 de la Convention du travail assure la sécurité de toute personne dans son lieu de travail ».
Une situation que la présidente de l’AFCF n’est pas passée par quatre chemins pour dénoncer en ces termes, « s’enfermer avec une femme qui n’est pas la sienne est un acte condamnable aux yeux de la loi islamique, mais l’acte de Mady Ould Hamady n’a même été condamné par les hommes et les femmes qui aiment parler au nom de l’islam en Mauritanie ».
Et d’ajouter sans ambages : « Les Mauritaniens interprètent l’islam selon la vision qui leur arrange. Sinon cet acte mérite qu’ils (Mauritaniens) fassent une marche publique pour dénoncer et condamner les faits commis par cet homme sur une femme. »
Justice au service de la tribu et ses alliés
Encore et toujours, Aminetou Mint El Moctar a rendu la justice mauritanienne « responsable » de l’impunité en Mauritanie, surtout de son « inefficacité » criarde à rendre justice au profit des femmes violentées par les hommes : maris, frères, patrons… Si l’on en croit la présidente de l’AFCF, l’affaire d’agression de cette femme ne devrait pas être confiée à un juge d’instruction, parce que c’est un cas de flagrant délit d’agression. Donc, il n’y avait rien instruire dans ce dossier.
Pis, elle a relevé que le Procureur de la République avait ordonné la relaxe pure et simple de Mady Ould Hamady. Et le commissaire, qui a osé convoquer derechef cet agresseur, a reçu une demande d’explication. Ce qui voulait que la justice de la Mauritanie est et reste tributaire de la tribu et ses alliés. Parce que les parents cet homme ne veulent pas du tout prononcer une condamnation à l’encontre de leur parent, qui a sciemment agressé une femme dans son propre bureau.
A en croire la présidente de Mint El Moctar, Mint Cheikh n’est pas encore au bout de ses peines, parce que le Procureur de la République vient de demander une nouvelle expertise sur la personne après plus de 20 jours de son agression. Il (Procureur de la république) aurait même invité déjà les deux parties à trouver une solution à l’« amiable ».
Camara Mamady
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)