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Mitra Global CMS Mauritanie/Célébration du 8 mars : Un combat pour l’autonomisation des femmes

ven, 03/13/2015 - 18:16

On ne le parlera jamais assez des dures conditions de vie et de travail auxquelles les femmes mauritaniennes sont confrontées depuis des décennies. Malgré quelques avancées par rapport à la législation, les femmes réclament plus de promotion, d’équité et d’égalité dans les domaines de la vie active. Une doléance devenue un leitmotiv pour nos femmes en quête perpétuelle de liberté et d’émancipation. Si le thème de cette année : « Autonomisation des femmes et le rejet de toutes les formes de violences à l’égard des femmes », a été salué par l’ensemble des femmes du monde, en Mauritanie, cela a été toujours un combat permanent. Les femmes mauritaniennes aspirent plus de changement dans les mentalités et les comportements de tous les jours.
Victimes de violences et de brimades
Ces dernières années ont été les périodes les plus sombres pour la femme mauritanienne victime d’une violation flagrante de ses droits et exposée à une insécurité doublée d’une impunité. Depuis 2013, les viols, les assassinats, les agressions physique, verbale sont monnaie courante en Mauritanie. Si en 2013, 508 cas de viols parfois suivis de meurtres ont été enregistrés, l’année 2014 a battu le record avec 1273 viols sur l’étendue du territoire national avec 17 suivis d’assassinats dont 1 à Néma, 3 à Nouadhibou et 13 à Nouakchott, selon l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF). Qu’est-ce qui peut donc expliquer ce chiffre qui passe du simple au double ? Pour bon nombre d’observateurs, c’est la démission des pouvoirs publics face à ses responsabilités de protéger la femme. L’autorité ne joue pas son rôle régalien. Pourtant des lois et des conventions sont votées et ratifiées par la Mauritanie pour de meilleures conditions de travail, le droit à un traitement égal et des conditions de vie meilleures pour les femmes. Mais l’application cause problème. Face à cette situation, l’Afcf poursuit la lutte contre le viol et exige l’adoption des lois sévères.

L’AFCF dresse un tableau peu reluisant

S’agissant l’occasion de la célébration de cette journée, Aminetou Mint El Moctar présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) a noté que « dans les trois dernières années, l’accès des femmes aux postes de décision a augmenté ». Et pour preuve, « 31 femmes parmi les 147 députés à l’assemblée nationale, 9 femmes parmi les 56 sénateurs, 6 maires femmes sur 218 et 25,2% des fonctionnaires sont des femmes », reconnait-elle. Ce qui lui fait dire que « chaque jour est un 8 mars» pour capitaliser les acquis après d’âpres luttes mais également une opportunité pour remobiliser les troupes, « car le chemin à parcourir pour une autonomisation est encore long » soutient Aminetou.
S’il y a des avancées dans certains domaines comme politique et économique, celui social pose problème. Pour Mme Salimata Sy Camara vice présidente de l’Afcf, le combat est loin d’être gagné. Car, la Mauritanie bien que signataires des conventions internationales, n’applique pas ses engagements vis-à-vis de ces dernières. A titre d’exemple, la CEDEF (1979), la plateforme de Dakar (1994), le Programme d’Action de Beijing (1995), la politique Genre de la CEDEAO (2002), le Protocole de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatifs aux droits de la femme en Afrique (2003), la Politique Genre de l’Union Africaine, (2008), la Résolution 9 sur les femmes, Paix et Sécurité (2000) … pour ne citer que celles-ci. C’est pourquoi, selon Mme Salimata, la femme mauritanienne doit jouer un rôle d’avant-garde, redoubler d’efforts pour apporter des améliorations voire des changements à son statut. 
La cérémonie commémorative a été sanctionnée par des expositions de photos illustrant les réalisations de l’Afcf, exposition de photos de victimes de viols, d’esclavage, de mariages précoces, de femmes bénéficiaires d’AGR, de filles lauréates de leur classe sorties de la domesticité et victimes de pauvreté. Mais aussi, l’adoption et l’insertion des filles ou enfants en conflit avec la loi, victimes de l’esclavage et admises au centre de réinsertion sociale. Ensuite, on a eu droit à des chants et des sketches d’enfants issus du centre social NAJDA de Tarhil, de projection de film et témoignages de victimes.
15ène de la femme, un bon prétexte. Le 8 mars a été aussi une occasion pour les femmes de lancer les activités pour la 15ène de la femme mauritanienne. Une opportunité que saisissent les femmes pour exposer leurs produits artisanaux, leur savoir-faire, œuvres de coopératives féminines. Durant la 15ène, il y aura des conférences débats sur la situation de la femme, des échanges pour magnifier le rôle de la femme dans la société et le combat pour son émancipation qui va consacrer son autonomisation.