Chères Amies, Chers Amis,
Féministe et militante, j’ai rencontré en 2009 à Nouakchott, Mauritanie, Aminetou Mint El Moctar, présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF). L’AFCF est une organisation de défense et de promotion des droits des femmes créée en 1999 à une époque où il n’était guère prudent ni pragmatique de se revendiquer démocrate et féministe.
Aujourd’hui, l’AFCF compte presque 12 000 affiliées et déploie ses activités sur tout le territoire et les fronts névralgiques de la condition des femmes : cela va de la défense des victimes de violence ou de mariage forcé devant la justice, à des formations en direction des femmes cadres du pays pour l’élaboration de politiques favorables à l’amélioration de la condition féminine, et passe par l’aide aux coopératives féminines et activités permettant à leurs actrices de créer leur propre revenu... Les deux heures d’entretien que m’a accordées Aminetou mint El Moctar en avril 2009, à la veille de mon retour en France après un séjour de trois mois dans le pays, ont alors pulvérisé tout ce que j’avais glané de connaissances sur la société et notamment sur la condition des femmes auprès de mes amis d’Aioun El Atrouss, dans le Sud-Est du pays, qui m’avaient accueillie pendant deux mois et m’avaient fait rencontrer des femmes des coopératives et leurs responsables. Fascinée par ce qu’ Aminetou me faisait découvrir des réalités vécues par nombre de femmes en Mauritanie, par sa rigueur intellectuelle et par son engagement radical dans la cause des femmes, je lui ai alors proposé de les faire connaître, elle et l’Association des Femmes Chefs de Famille, à mes amies de Femmes Solidaires de Fontenay-sous-Bois et du national. Ce qui n’a pas eu lieu. Désormais de retour en Mauritanie depuis le mois de juin pour plusieurs années j’espère, je suis allée voir Aminetou pour lui renouveler ma proposition et elle m’a répondu : « Qu’attends-tu donc ? »
Mon objectif, en prenant cette initiative, est de répondre à deux préoccupations. La première est de faire découvrir l’originalité et la force de l’AFCF qui, avec son organisation et toutes les personnes y travaillant – affiliées, collaboratrices et collaborateurs – préfigure un futur service collectif et public, original et efficace, souverain et entièrement pris en charge par les Mauritaniens, et surtout les Mauritaniennes, avec leur capacité décisionnelle, leur détermination et leur créativité et enfin leur parfaite connaissance des besoins spécifiques des femmes et d’un pays certes chargé de lourdes traditions mais aussi en pleine mutation. Cette multifonctionnalité de l’AFCF et des partenariats qu’elle a noués en conséquence, fait qu’elle est plutôt identifiée aujourd'hui comme défenseure des droits humains en France. Ce sera l’objet de cette lettre.
AFCF
Chargée de Communication