La création d’un monde sûr et salubre pour nos enfants est une tache tout aussi importante que n’importe quelle autre. Pourtant, des enfants en Mauritanie demeurent la proie de la pauvreté, de la maladie, de l’exploitation et du travail forcé.
Ils sont pris au piège des travaux abrutissants, à valeur économique minime, qui leur permettent tout juste de survivre mais qui compromettent la créativité et le potentiel de vastes groupes de futurs travailleurs. Les enfants qui travaillent en général ont moins de 18 ans, ne vont pas à l’école et abattent des travaux pénibles, dangereux, souvent dégradants et ils sont légion dans le tiers monde. Deux cent cinquante millions travaillent selon l’OIT.
En Mauritanie, des milliers d’enfants dont les « talibés », les briquetiers, les jeunes appentis mécanos, les porteurs d’eau avec ou sans âne, la petite bonne, les éboueurs qui fouillent dans les décharges le fameux « hach » pour le bétail domestique, le travail de cette panoplie d’enfants est classé aujourd’hui dans la catégorie des pires formes de travail.
Si le travail en soi est une nécessité et une forme d’épanouissement de l’être humain, celui des enfants est une atteinte à leurs droits les plus élémentaires, et à la dignité humaine, dans certaines conditions qui frisent l’esclavage. CRIDEM espère que ce dossier aidera nos lecteurs à mieux prendre conscience du sort peu enviable de ces enfants.
En banlieue, aux abords des marchés et dans les rues de la capitale, on assiste à des scènes dont les acteurs malgré eux, nous plongent dans une réalité effrayante : celle de la pire forme de travail des enfants. Leur mode de vie relève du domaine de la survie. Au prix de leur innocence qui vole en éclats. Reportage au cœur d’une tragédie, en passe de devenir un phénomène social.
Une armée d’enfants s’agglutinent aux abords de la décharge regardant la manœuvre du camion benne venu déverser son trop plein. De loin, la scène ressemble à une émeute de la faim. Sauf d’ici ce sont des ordures que cette bande de gamins attend de voir dégringoler.
Avant même que la gueule de la benne n’ait totalement recraché ses immondices, certains enfants ont déjà grimpés sur le tas de déchets encore compacts et fumants pour commencer à fouiller, souvent avec leurs mamans. Sitôt les immondices déversées, ce banc de piranhas de la misère gratte, cherche et remue dans une frénésie pathétique. Il faut faire vite pour trouver quelque chose avant qu’un autre camion ne recouvre les détritus. Un ballet incessant qui ne s’arrête ni dimanche ni les jours fériés.
Dans cette décharge à ciel ouvert, véritable prairie d’ordures, se trouve l’une des pires formes de travail des enfants. Des enfants qui vaguent à leur tâche comme si tout était normal. Beaucoup de ces bouts de choux sont nés dans ces taudis délabrés avec des infrastructures obsolètes qui respirent le manque de moyens. Ces enfants dont le chez qui avoisine ces montagnes de détritus, sont dans leur univers.
Qui s’occupe de ces enfants ? L’Etat ? L’UNICEF ? En tout cas, il urge de prendre des engagements et réunir tous les partenaires pour que les gens sachent où il faut agir et avec qui. Nous sommes dans un pays où une poignée de goinfre sans vergogne sur ce qu’il y a à prendre, laissant ses fils et ses filles fouiner dans des ordures, pour pouvoir manger.
Loin de ces décharges, d’autres enfants triment dans les rues de Nouakchott, souvent avec leurs parents, pour eux la capitale ne rime pas avec bien être, ils passent la plus part de leur temps sur les points des feux rouge, disputant une maigre aumône avec leurs ainés mendiants, ils tendent la main interceptent passants et conducteurs de voitures, en quête de pitance. Un rituel devenu quotidien.
Le Hach ou le reste de nourriture, jeté dans des sacs de plastique se vend bien, dans certains quartiers à domicile où des éleveurs sont ravitaillés au quotidien par des vendeurs. Sur sa charrette tirée par un âne famélique, Soueïlik ne présente pas meilleure figure que sa bourrique. Il dégouline de saleté, la peau sombre, son cou relève des croutes de peaux mortes. Ses habits ont changé à l’épreuve de la saleté : le beige a pris la teinte marron. Et le bleu a viré au noir. Le vendeur de « hach » ne porte vraiment pas la propreté en lui.
Ces enfants pour la plus part n’ont jamais fait l’école ou l’ont quitté en classe de CP, et ceux qui les utilisent sont loin de se douter qu’ils sont en infraction à la loi interdisant le travail des enfants de moins de 15 ans. « Source Cridem »
Photo de HAMMA ABDALLAHI DIRECTEUR DE CENTRE D’ACUEILLE DES ENFANTS ET FEMMES MIGRANT A l’AFCF