Mme la présidente, Mesdames/Messieurs les Commissaires, Honorables invités des Gouvernements et des Institutions Nationales et Internationales des Droits de l’Homme.
Avant d’entamer mon propos, je vous informe que ma présidente – comme d’autres citoyens- a été empêchée de participer à la cérémonie d’ouverture de cette 62ème session CADHP.
Nous tenons à rappeler que notre organisation œuvre pour l’avènement d’un Etat de droit respectueux des valeurs de la personne humaine dans notre pays.
En Mauritanie, comme malheureusement dans la plupart des pays africains, la situation socio-économique, politique et culturelle reste encore marquée par des inégalités Homme/Femme, au détriment de cette dernière ; ainsi que les discriminations de tous genres. Les femmes sont les premières victimes de discrimination de toutes natures, faisant d’elles des êtres inférieurs à l’homme.Tout ceci, encouragé et maintenu par des préjugés et des pesanteurs socioculturels tenaces.
A l’instar des autres femmes, la femme mauritanienne fait l’objet de stigmatisations, tendant le plus souvent à la dévaloriser. Elles sont aussi victimes de violations massives, en tous genres, de leurs droits élémentaires, allant du viol, à la violence domestique, l’esclavage, la traite, les pratiques néfastes, (MGF, mariage des enfants), pour ne citer que ces tares. L’ampleur de ces violences faites aux femmes et aux filles interpelle, l’Etat parti à la convention africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) à assumer ses engagements en prenant des mesures visant à réviser le Code du Statut Personnel et le Code de la nationalité pour jeter la base de l’égalité qui commence, tout d’abord par la famille pour être en conformité avec les engagements de la Mauritanie. L’Etat parti a l’obligation de mettre en avant l’harmonisation des lois mauritaniennes avec les mécanismes internationaux et sous régionaux ratifiés (CEDAW, CDE la Charte Africaine de Protection des Droits de la femme, La Charte de Protection de l’Enfant et le Protocole de Maputo) etc...
Pourtant, les femmes bénéficient des mêmes droits que l’Homme, du moins en théorie, tel que proclamé par la Constitution, les divers textes législatifs mauritaniens ainsi que les multiples instruments juridiques internationaux, sous régionaux que la Mauritanie a ratifiés.Les violences faites aux femmes qui sont le lot quotidien de nombreuses femmes et filles mauritaniennes, attestent l’inadéquation entre les pratiques et les déclarations de bonnes volonté.
Ces dernières années, des ONG de défense des droits de l’homme féminines se sont mobilisées dans des campagnes d’information et de sensibilisation des populations et des décideurs sur un avant-projet de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Cet avant-projet n’a pas été adopté par le parlement, malgré la recrudescence de toutes les formes des violences à l’égard des femmes et des filles.
Quant à l’existence de l’esclavage en Mauritanie qui est une flagrante injustice et de discrimination sur tous les plans à l’égard d’une frange importante de la population, il persiste sous ses formes contemporaines, traditionnelles et modernes. Certes, tout un arsenal juridique et institutionnel est mis en place, mais il inefficace parce qu’il n’est opérationnel qu’à certaines occasions telle que les cessions de la Commission africaine des droits de l’homme, pour dissimiler cette pratique inhumaine et dégradante. Malheureusement, cette partie de cache-cache ne fait que contribuer à ternir l’image de notre pays que certains le classe le pays le plus esclavagiste du monde. Les femmes haratines sont les principales victimes de ce phénomène.
Les esclaves et descendants d’esclaves sont, quasiment exclus de tous les systèmes et centres de décisions (éducatif, économique, politique et social), ils n’ont pas accès aux activités génératrices de revenu ou presque et ne parvient pas ou parvient difficilement à subvenir à leurs besoins primaires. Réduit à ne travailler que dans le secteur informel, les harratines n’exercent en général que les métiers de charretiers, des vendeurs d’eau, des menuisiers, maçons, dockers, chauffeurs ou apprentis.
Ces femmes harratines sont généralement vendeuses des légumes, de friperies, le couscous ou exercent le métier de teinturières et leurs enfants sont exclus du système éducatif, faute des moyens et les charges de la scolarisation sont très chères et inabordables pour toutes les couches vulnérables.Des travaux manuels très éprouvants et sans rentabilité. Qui leur permettent de survivre ou ne pas mourir de faim
Vu la dégradation des conditions des droits humains dans notre pays, en particulier les victimes de la servitude, de l’esclavage et la persistance de l’impunité inexpliquée des auteurs des exécutions extra-judiciaires des citoyens mauritaniens lors des regrettables événements de 1989/1999 ; ainsi que les auteurs de la traite des personnes en Arabie Saoudite. Les veuves présentes parmi nous et femmes ramenées d’Arabie saoudite demandent encore justice.
En ce qui concerne l’éducation, la situation est catastrophique, et les filles sont les plus affectées. Sachant qu’au aucun pays ne peut se développer, sans un enseignement de qualité et non un système de dilapidation du patrimoine scolaire par la vente des écoles et la marchandisation de l’éducation des nombreuses écoles publiques, à Nouakchott ont été vendues pour construire à leurs places des marchés. Cet enseignement moribond est entrain de rendre son âme. En effet, les jeunes âgés de plus de vingt-deux ans, n’ont plus le droit de se porter candidat au baccalauréat et les étudiants ne cessent de manifester devant le Ministère de l’enseignement supérieur pour accéder aux bourses qui sont devenus inaccessibles à tous. Ils ont eu droit à la réponse : police, matraques et bastonnades. A dieu, la scolarisation de nos enfants !
L’AFCF vient de réussir à faire revenir des femmes victimes de traite en Arabie Saoudite, mais les victimes sont assez nombreuses et leurs bourreaux sont toujours en liberté. Des centaines de plaintes contre des auteurs connus de tous, surtout les victimes et leurs familles, sont introduites au niveau du parquet de Nouakchott, mais elles sont ensevelies dans les arcanes des juges d’instruction. Certainement, si la justice ne joue pas son rôle, les droits humains restent absents.
Les enfants sont privés de l’état civil, particulièrement, ceux des couches considérées vulnérables, notamment les harratines, les rapatriés, les enfants de familles monoparentales dirigées par des femmes, ainsi que ceux en mobilité interne et devient apatrides dans leur propre pays. L’AFCF a déjà interpellé le Président de la République lors d’une visite à un centre de l’état civil ; mais l’accès à l’état civil reste un parcours de combattant. Notre organisation continue à travailler avec ces victimes afin de leur permettre d’y accéder et nous rappelons à l’administration qu’elle doit cesser de bafouer les droits de ces paisibles citoyens et appliquer l’article 38 de la loi sur l’accès à e tous les Mauritaniens et assurer la participation l’état civil.
L’association des femmes chef de familles éprise de justice et d’égalité lance un appel a l Etat Mauritanien a ne pas contribuer a la création de deux citoyens Mauritaniens, mais de traiter ses citoyens sans discrimination, garantir l’équité entres tous les Mauritaniens mais aussi assurer la participation civil, politique, et économique des Femmes
Nous lançons un appel à toutes celles et ceux qui croient aux valeurs universelles afin de continuer ce long chemin ensemble.
Non aux discriminations !
Non à l’esclavage !
Oui à l’avènement de l’Etat de droit !